Note de présentation des réformes scolaires en Pologne depuis 1999, rédigée en 2013.

Les réformes éducatives en Pologne ont coïncidé avec la mise en place des tests PISA qui en ont ainsi mesuré les résultats au fur et à mesure.

Le programme de  réformes du système éducatif polonais présenté par le ministère polonais de l’éducation en 1998 (qui s’inscrivait dans un programme global de réformes portant notamment sur la décentralisation, le système des retraites et le système de santé) a comporté, en particulier, les mesures et nouveautés suivantes.

La réforme scolaire de 1999 : un changement systémique

Nouveaux cycles scolaires : création du collège (gimnazjum)

Le système initial se composait d’un cycle primaire de 8 ans et d’un cycle secondaire de 3 à 5 ans. La réforme a réduit le premier cycle à 6 ans, introduit un cycle intermédiaire de 3 ans (collège) et raccourci d’1 an les cursus du secondaire.

cursus-pologne.png

Nouveaux programmes : un référentiel-cadre pour les enseignements.

Dans le cadre de la réforme, le ministère de l’éducation nationale définit un référentiel commun (podstawa programowa) pour l’ensemble des cursus scolaires. Ce cadre définit les contenus à acquérir et les résultats d’apprentissage attendus. Le ministère définit également le nombre minimum d’heures d’enseignement pour chaque matière et valide les manuels susceptibles d’être utilisés en classe.

Une importante marge de manœuvre est ensuite laissée aux établissements scolaires et aux enseignants concernant la définition et la mise en œuvre des programmes d’apprentissage.

Nouveau système d’évaluation : des examens externes réguliers

Une  commission centrale des examens (CKE) et son réseau de 16 commissions régionales élaborent et mettent en place des épreuves externes pour chaque fin de cycle éducatif (primaire, collège, lycée général et professionnel) afin d’harmoniser les critères et les modalités d’évaluation et rendre comparables les résultats des élèves.

Nouvelle organisation : un système décentralisé, des établissements autonomes

Depuis le 1er janvier 1999, les établissements scolaires relèvent essentiellement de la commune pour les écoles maternelles et primaires et les collèges, et du district (powiat) pour les lycées généraux ou professionnels. Ceux-ci sont responsables de la gestion et du contrôle budgétaire des établissements. Ils recrutent également les directeurs d’établissement sur candidature. La subvention publique destinée à l’éducation est allouée aux collectivités territoriales et distribuée au prorata du nombre d’élèves.

La supervision pédagogique des établissements scolaires et l’accompagnement professionnel des enseignants sont confiés au rectorat (Kuratorium) de chaque région. Le directeur de l’établissement recrute l’équipe enseignante. Il dispose d’une marge de liberté dans la définition du profil de son établissement et l’attribution des heures d’enseignement.

Des professeurs qualifiés, incités à poursuivre leur formation

La réforme lie la progression dans la carrière des enseignants et leur rémunération à leur degré de qualification initiale et à leur implication dans la formation continue. Les enseignants polonais sont désormais quasiment tous titulaires d’un diplôme universitaire, contre la moitié en 1989.

 Poursuite des  réformes jusqu’à aujourd’hui

Parmi les évolutions depuis 1999, on retiendra :

  • la refonte des curricula, basée sur les résultats d’apprentissages attendus,
  • l’abaissement du début de l’école primaire à 6 ans, et de la pré-scolarisation obligatoire à 5 ans,
  • la modernisation de l’enseignement professionnel basé sur l’ECVET (European Credit system for Vocational Education and Training),
  • la mise en place de programmes spécifiques pour les élèves en difficulté et ceux particulièrement doués.

PISA : les raisons du succès de la Pologne

En 10 ans, la Pologne est le seul pays « émergent » à être passé au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE, pour se classer dans les 15 premiers pays participant aux enquêtes PISA.

En 2000, les résultats de la Pologne à l’enquête PISA sont médiocres. De plus, ils mettent en relief de fortes disparités de performance en compréhension de l’écrit entre les élèves issus de différents types d’établissements du secondaire, avec des scores très faibles pour ceux des établissements techniques ou de formation professionnelle. En 2003, la Pologne rejoint la moyenne OCDE avec 497 points en compréhension de l’écrit .

Lors du « cycle PISA 2009 », la Pologne atteint 500 points en compréhension de l’écrit, se plaçant au 15e rang avec un  score supérieur à la moyenne de l’OCDE (493 points), devançant la France (22e) et l’Allemagne (20e). La Pologne obtient un score de 508 nettement supérieur à la moyenne de l’OCDE en sciences (501).

Une modernisation globale du système éducatif, dans un contexte politique favorable

L’approche systémique de la réforme de 1999 a permis à la Pologne de peser simultanément sur l’ensemble des leviers d’action à sa disposition : la structure scolaire, les programmes, les enseignants, l’organisation et la gestion du système éducatif.

Ce dernier est ainsi devenu apte à répondre à une demande éducative grandissante en Pologne (passage de 400 000 à 2 millions d’étudiants à l’université entre 1989 et 2009), dans un contexte social et économique favorable : perspective d’intégration européenne, développement économique, réformes structurelles dans d’autres secteurs (administration, santé, sécurité sociale, décentralisation).

Le collège, clé de l’amélioration du niveau des élèves et de la réduction des inégalités

Le recul d’un an, grâce à la création du collège, des choix d’orientation entre filière générale ou professionnelle et l’augmentation du nombre d’heures de cours de langue sont communément évoqués comme les principaux facteurs d’amélioration des résultats aux tests.

À cela s’ajoutent l’augmentation massive de l’orientation vers l’enseignement général (23% en 1990, 44% en 2009) et à la rationalisation du réseau d’établissements en zone rurale (regroupement et modernisation des établissements, meilleur suivi des pratiques pédagogiques), où réside 50% de la population polonaise.

Ces changements ont permis une forte réduction des inégalités de résultats entre établissements, qui s’accompagne de progrès notables des élèves les plus faibles et des filles.

Perspectives

Ayant rattrapé son retard structurel en matière éducative, la Pologne bénéficie à présent de perspectives économiques positives et d’un contexte culturel favorable à la réussite de ses élèves : vision très positive des études par les Polonais, respect traditionnel de l’école, faible acuité des débats qui traversent l’école française (laïcité, autorité, intégration…). La forte baisse démographique que traverse la Pologne (-100 000 élèves par an), si elle fragilise un nombre important d’écoles et d’acteurs éducatifs, augmente la concurrence entre établissements et favorise l’amélioration de l’offre éducative.

Des progrès restent à faire toutefois dans le domaine de l’enseignement pré-scolaire, de la formation professionnelle et de la formation tout au long de la vie.

Octobre 2013, ambassade de France en Pologne